Issue fatale… animale…
Cher Vous…
Aujourd’hui j’ai bien appris ma leçon sur le bout de mes doigts, ou serait ce des votres?
Quand ils s’emmêlent la partition prend de l’élan… les notes s’envolent…
Des silences à couper le souffle au maniement incisifs des mots, quand nous faisons langue commune, c’est bien eux que nous démêlons.
Ces langues tour à tour chantantes, acérées, insinueuses, découvrant à chaque virage une nouvelle anfractuosité, dénouant à chaque passage les chaînes, les rubans qui attachent et retiennent …
Fragiliser les remparts par des mouvements souples, confiants, tenaces…
Éroder les frontières par de petites lampées voyageuses innocemment efficaces…
Aux corps perdus, ne restent ils que l’illusion de la séparation…
J’aurais tellement peur de croiser vos yeux…
Sûrement parce qu’ils feraient varier ma température.
Couvrir les âmes frileuses reste un possible tout comme la fièvre à réguler…
Retrouver le chemin vers l’autre au delà de la distance apparente, sans peur, sans faiblir, lâcher prise, donner sa confiance sans raison valable, sans filet de sécurité…
L’être humain sait il encore le faire… et celle que je suis…? Cap ou pas cap ?
Les coups de pelles c’est aussi délicieux que ça fait mal derrière la tête…
Je les préfère francs et massifs pour l’efficacité de leur impact.
Je vois que vos yeux fouillent le brouillard aliénant.
Je sens que ton sang sans vergogne flaire le bouillonnement du mien.
J’effleure votre peau qui frémit si loin, si près de la mienne.
Sous mes doigts son grain, sous ma langue sa saveur, je touche le bout du bout de la langueur…
Si je voulais t’attraper, tu m’échapperais…
Si je pensais me perdre, tu chercherais ma cachette…
Je rue vers l’inconnu qu’hier encore je voulais fuir.
Attachée au poteau comme la chèvre de Mr Seguin, cassée ma corde au cou, brisée mes lois… et après m’être bien battue toute la nuit, toute la vie, céder au loup qui gronde…
Me coucher sur l’herbe fraîche, me laisser dévorer, sans autre forme de procès…
Lassée des faux-semblants, dans un dernier souffle, je murmurerais à votre oreille « Reste encore… »
Vous regardez me filer (la quenouille) entre les doigts… serait ce ma seule issue… ?
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